A 81 ans, s’il cherche parfois un peu ses mots, George Soros a conservé un œil vif et le sens des propos tranchants. Invité à Davos mercredi à la 42e réunion annuelle du Forum économique mondial, à présenter sa vision de la situation économique, le milliardaire a, en homme d’affaires avisé, commencé par présenter son dernier livre, Financial Turmoil in Europe and the United States.
Avant, immédiatement, de dresser un portrait très sombre de la situation: «Les mesures prises en décembre par la Banque centrale européenne (BCE) ont certes réglé le problème des prêts entre banques. Mais cela ne résout rien pour les pays. Les membres les plus faibles de la zone euro sont désormais relégués à l’état de pays du tiers-monde.» Pour George Soros, seules les banques ont été protégées: «Arrosées de liquidités obtenues à des taux d’intérêt très bas, elles ont pu prêter à l’Espagne ou à l’Italie à des taux élevés, ce qui leur permet de gros profits sans prendre le moindre risque, la BCE étant derrière pour les soutenir.» Du coup, certains Etats se retrouvent «au bord du précipice», analyse le milliardaire, qui esquisse une solution. «Il faudrait que l’Espagne et l’Italie puissent émettre des bons du Trésor à un taux de 1%», des titres garantis en sous-main tant par la BCE que le Fonds européen de stabilité financière.
Autant aider directement les États, avance George Soros, pour éviter une «destruction de l’Union européenne». Avant de reconnaître que son plan est «plutôt compliqué» et qu’il n’a pas reçu de soutien.
«Dégâts importants»
Le financier attend de Berlin un changement d’attitude. «Bien sûr, je sais qu’en période d’austérité, ce sont les créanciers qui décident. Mais il faut que l’Allemagne cesse avec ses mesures d’austérité qu’elle veut imposer à toute l’Europe, car cela risque de créer une spirale déflationniste. Les salaires vont baisser, l’économie va se contracter, les rentrées fiscales vont diminuer, c’est un cercle vicieux qui s’amorce.» L’homme affirme toutefois qu’il ne veut «pas trop critiquer l’Allemagne, qui a obtenu des succès considérables et qui pense que ses solutions s’appliquent pour tous».
Du coup, comment relancer la croissance? Gorge Soros admet qu’une certaine discipline fiscale est nécessaire. Il estime par ailleurs que la création d’euro-obligations («sous une forme ou une autre») et une décision forte, au niveau politique européen, de lancer des initiatives pour relancer l’économie, sont nécessaires. Mais l’homme d’affaires n’entre pas dans les détails.
Questionné sur la probabilité d’un défaut de la Grèce, George Soros préfère ne pas se prononcer: «C’est une menace qui est toujours là. Si la zone euro n’est pas plus forte et plus solidaire, les dégâts seront très importants.» Ce Hongrois d’origine redoute par ailleurs que la situation politique en Hongrie ne contamine d’autres pays de la zone euro. «Ce n’est peut-être que le début», a-t-il affirmé, faisant référence au virage autoritaire pris par le gouvernement de Budapest.
Enfin, George Soros juge qu’en Italie le gouvernement Monti travaille bien. Il faut cependant que les Italiens reçoivent les bénéfices de leurs efforts pour éviter le retour aux affaires d’un gouvernement du style Berlusconi.
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